De son retour de déportation en 1945, jusqu’à la fin de sa vie, Anna n’a jamais arrêté de peindre. A partir du 12 septembre 1960, moment où elle prend sa retraite, elle s’installe dans la demeure familiale de Pontgibaud aux côtés de sa mère.
A Pontgibaud, Anna est bien connue de tous les habitants, elle est « La Mayade« , toujours habillée de noir, portant un grand châle sur ses épaules et traînant un grand cabas derrière elle. Elle propose même à certains habitants de Pontgibaud de réaliser leurs portraits, comme c’est le cas de René Faure qui tient à cette époque la boucherie du village. Elle réalise aussi les portraits de Marie-Antoinette Dissard et Marie Monnet, épouse Dissard, des amies de Félicie Lamadon, ou encore le portrait du Père Engelvin, ancien curé de la paroisse de Pontgibaud.
C’est également à Pontgibaud, dans son atelier, qu’Anna peint des paysages auvergnats comme l’allée du bois du Château Dauphin de Pontgibaud, ou la cabane dans les bois. Elle réalise aussi des oeuvres sur les scènes de vie quotidienne vécues à Pontgibaud : le terrain vague devant la fonderie, les lavandières au lavoir…
Sa mère, Félicie Lamadon, meurt le 23 novembre 1965, la laissant désormais seule avec ses chats.
C’est entre la fin des années 1950 et la fin des années 1970, qu’Anna livre son témoignage sur sa déportation à Ravensbrück. Dans une série de lettres, écrites dans les années 1970, Anna parle des tableaux qu’elle réalise pour le musée Michelet. Sa santé est alors de plus en plus fragile, au fil des années écoulées, et ce travail de mémoire est à la fois important et éprouvant pour elle.
Elle écrit dans une lettre à Madame Labate, la fille de Juliette (amie déportée) le 13 janvier 1975 : « J’ai négligé ma correspondance à cause de mon état de santé qui est très mauvais depuis plus d’un mois. Je souffre beaucoup de ma bronchite chronique. J’ai bien du mal à respirer surtout les matins, et cela me fatigue. Oui, j’espère bien pouvoir terminer les toiles que je me suis imposées, je peindrai dès les beaux jours en ce moment il fait froid et je manque de courage ».
Elle donne ses oeuvres témoignagnant de sa déportation au musée Michelet le 5 mai 1978 (20 oeuvres) et à la mairie de Pontgibaud en 1978 également (45 oeuvres).
Elle est par ailleurs déjà en contact avec le musée Michelet, puisque son témoignage est enregistré le 4 mai 1976 dans sa maison à Pontgibaud par Béatrice Cibot : elle parle notamment de ses années à Montmartre, de sa déportation et de son amour pour les chats.
Anna meurt le 3 mai 1981 à Pontgibaud, à l’âge de 84 ans. Elle repose dans le cimetière de Pontgibaud, auprès de son père Elie, de sa soeur Marcelle, de son mari Léon et de sa mère Félicie.
Elle a transmis son art pour lutter contre l’oubli parce que « jamais nous ne ferons assez pour rendre impossible le retour de pareilles horreurs ».