Qui mieux que ses élèves pour en parler ?

Qui mieux que ses élèves pour en parler ?

Le musée Michelet a lancé un appel dans la presse pour avoir la chance de rencontrer des personnes ayant connu Anna, et a mené un travail de mémoire en enregistrant ces témoins :

  • Lilith Pittman, élève en 6ème (1955-1956)
  • Françoise Ségéral, élève de la 6ème à la 3ème (1948-1952)
  • Evelyne Brisseau, élève au collège (?)
  • Francine Lagarde, élève de la 6ème jusqu’à la terminale (1950-1957)
  • Eugénie Dubreuil, élève de la 6ème jusqu’à la terminale (1947-1955)
  • Elisabeth Turpin, modèle pour Anna (1959-1960)
  • Anne-Marie Gaume, élève en 6ème (1959-1960)
  • Denise Beysserie, élève de la 5ème à la 2nde (1952-1955)
  • Nicole Bijou, élève en 6ème (1952-1953)
  • Mireille Langlade, élève de la 6ème à la 1ère (1953-1959)

D’après ses élèves, Madame Garcin est une professeure de dessin discrète, qui ne parle pas beaucoup et qui est toujours habillée en noir. A cette époque, les professeurs se déplacent pour se rendre dans leurs salles de classe. Dans les cours classiques, les jeunes filles sont souvent très nombreuses. Anna propose plusieurs types de travaux à ses élèves : beaucoup de travaux aux fusains et aux crayons de couleur. Mais peu de travail à la peinture, les élèves étant trop nombreuses. Parmi les thématiques proposées dans ses cours : de la perspective, des natures-mortes, des études d’après nature (des bouquets d’oeillets par exemple), des paysages, des dessins stylisés, des dessins de décoration et des portraits. Elle apprend surtout à ses élèves « la façon de voir » pour faire passer quelque chose et aller au-delà de ce qui est perceptible par l’oeil. 

Rencontre avec Eugénie Dubreuil, ancienne élève d'Anna Garcin-Mayade de la 6ème à la terminale (1947-1955) et croquis d'Eugénie avec correction d'Anna - Septembre 2023 - Photographies Lucie Boyer

D’une manière générale, Anna ne parle pas de sa déportation à ses élèves, sauf quelques exceptions. 

C’est notamment le cas d’Elisabeth Turpin, qui a posé pour Anna en 1959 pour la réalisation d’une de ses oeuvres « Block n°6 » (détail ci-contre). Elisabeth, qui était très maigre à l’époque se souvient : 

« J’ai posé allongée en train d’essayer d’attraper de la nourriture. Alors ça je m’en rappelle parce qu’il fallait que je m’étire, j’étais sur le sol, la pièce dans laquelle on était c’était un plancher et je me rappelle que je m’étirais au maximum parce qu’elle voulait voir l’effort »

C’est également le cas pour Mireille Langlade qu’Anna à emmener chez elle, avec une autre camarade, au 68, avenue Maréchal Foch, en 1959, pour leur montrer une dizaine de tableaux représentant sa déportation à Ravensbrück.

Photographie d'Anna et Henri Vidal - Coll. mairie de Pontgibaud

Parmi toutes les anciennes élèves d’Anna rencontrées, la même question : est-ce que c’est vrai qu’Anna connaissait Henri Vidal (1919-1959), l’acteur ?

La preuve en images. Henri Vidal était le cousin d’Anna : il est le fils de la soeur du père d’Anna, Elie Mayade. Sur cette photographie, prise à Pontgibaud, on le voit aux côtés de Michèle Morgan avec qui il se marie en 1950. Anna est à droite, sa mère au centre. La dame à l’arrière et la jeune fille sont les voisines de la mère d’Anna.

Anna propose, en plus des cours classiques, à certaines de ses élèves des cours facultatifs, des sorties à l’extérieur du collège de jeunes filles qui ont ravis notamment Francine Lagarde, Eugénie Dubreuil et Mireille Langlade qui y ont participé. 

Avec leurs chevalets et leurs carnets de croquis, les jeunes filles déambulent dans les rues de Brive, notamment au marché place Latreille, dans la cour du musée Labenche, ou devant la maison des Echevins… Dans le jardin de la directrice du collège, Madame Berloquin, les jeunes filles réalisent croquis et esquisses d’après nature : parfois au crayon, et parfois à l’aquarelle. Anna est toujours avec elles, et dessine également dans son carnet. 

Croquis d'Eugénie Dubreuil du jardin de Madame Berloquin, la directrice du collège de jeunes filles pendant les cours facultatifs
Extrait du carnet de croquis d'Eugénie Dubreuil pendant les sorties avec Madame Garcin
"Elle nous faisait rêver car on savait qu'elle avait côtoyé des artistes."
Elisabeth Turpin